samedi 3 mars 2012

Dans la boîte à sardines.



J’aime ces gens qui, dans les transports en commun, tentent de briser les barrières des autres en engageant la conversation de la façon la plus aimable possible. Hier, il y avait ce petit vieux qui est rentré dans le tram un peu trop plein. Il s’accrocha tant bien que mal à la barre du milieu et nous sourit.

"Dites donc ! Mais c’est qu’on est dans une vraie boîte de sardines là, hein ? Vous tenez le coup ?"

Moi et la dame à ma gauche hochons la tête avec un sourire de circonstance. Celle de droite resta muette. L’homme s’adressera alors à celle de gauche en lui disant qu’elle a des vraies mains de pianiste. Elle lui répondra que pourtant, elle n’a jamais eu l’occasion d’apprendre le piano, bien qu’elle en ait rêvé. Il lui dira qu’il n’est jamais trop tard. Aventureux, l’homme tentera alors de faire sortir ne serait-ce qu’un mot de la bouche de la muette de droite. Il lui demanda si elle aime la musique. En guise de réponse, celle ci lui lança un regard noir et partit tant bien que mal dans le wagon d’à coté, le plus loin possible.

L’homme avait l’air déçu. Comme pour excuser le comportement de la femme, je lançais :

"Aujourd’hui les gens ont l’habitude de se mettre des barrières...
- Au point de rester enfermés pour de bon. C’est dommage, finit-il tristement."

Il changea de sujet en commentant mes mains. «Vous avez des mains d’artiste vous ! Vous auriez pu faire du violon. Moi je fais de la guitare depuis que je suis gamin, et j’adore ça vous savez. Vous faites vraiment pas de violon ?»

Je ris, lui dit que non, et j’avoue à demi-mots qu’à part écrire je ne fais pas grand chose. Il me regarde alors comme si je venais de lui avouer que j’étais une fée. Il me lança dans un grand sourire :

"Mais le pouvoir des mots ma petite, c’est la plus belle magie qui existe ! J’aurais voulu savoir écrire moi, mais avec mon orthographe vous savez...alors la guitare pour raconter des histoires, c’est déjà pas mal."

J’osais pas lui dire que mon écriture était surement médiocre à faire retourner n’importe quel écrivain dans sa tombe. Que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre et que même si l’effort était vain, ça me permettait de me défouler un peu. A la place, j’ai souri bêtement, et il continua de me parler de sa guitare jusqu’à mon arrêt.

Il leva son chapeau de sa tête en me souhaitant une très bonne journée et une bonne continuation dans les tumultes de la vie, je fis de même le chapeau en moins. J’ai continué ma route jusqu’à la gare, le sourire aux lèvres.

Moi aussi, j’aimerai que les barrières se brisent plus souvent.


3 commentaires:

  1. Ah j'aime tellement ces moments, ces gens (souvent de petits vieux). Ils nous font passer de "milieu hostile" à "bisounours coeur paix et amour sur le monde <3".
    Ça ne m'est pas souvent arrivé mais c'est tellement agréable.

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  2. "Mais le pouvoir des mots ma petite, c’est la plus belle magie qui existe" il avait bien raison parce que je ris aux éclats en lisant tes "mots" et j'en oublie mes soucis les plus préoccupants. Donc chapeau bas à toi de relater les choses "banales" de la vie avec autant de poésie et d'humour

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    1. Merci beaucoup pour les commentaires, et en particulier celui-ci, qui en ce lundi un peu trop gris me donne le sourire aux lèvres :)

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