mardi 6 mars 2012

Comment j'ai sauvé une mamie d'un fan de Keen'V.



Aujourd’hui j’ai sauvé quelqu’un.

Pourtant, rien ne prêtait à croire que j’allais sauver quelqu’un un jour. Je veux dire, normalement la seule personne que je sauve c’est moi même, et c’est plusieurs fois par jour, sept jours sur sept, juste parce que j’ai le don d’avoir la tête ailleurs. Me sauver de mes propres conneries c’est déjà assez compliqué, alors sauver les autres moi j’ai pas que ça à faire.

Enfin bref, rien ne me prédisposait à ça. Et rien ne prédisposait cette matinée à devenir spéciale non plus. C’était un matin ordinaire qui se levait sur Montpellier-city (on a pas tous la chance de vivre à Gotham), un matin ordinaire qui commençait par un cours d’anglais chiantissime. Un cours d’anglais à 8h15, c’est toujours chiant. Bref, j’ai somnolé sur ma table durant une heure et demi, puis j’ai décidé d’aller faire mes courses parce que mon frigo était un peu vide. C’est donc avec bravoure que je me suis dirigé vers le Carrefour, et que j’ai rempli mon panier avec de la bouffe d’étudiant lambda ainsi que quelques articles honteux (serviettes hygiéniques + crème dépilatoire, COMBO !) J’ai d’ailleurs un peu rougi lorsque le garçon qui était devant moi à la caisse, plutôt charmant, eut la chance de voir mes articles honteux atterrir prés de son sac qu’il finissait de remplir. Enfin passons. Je suis sortie du Carrefour, et je suis donc arrivée au carrefour. Oui, le carrefour du Carrefour, ils auraient pu mettre un Shopi pour qu’on évite de dire ce genre de phrases ridicules, mais non. Donc, ce fameux carrefour, la route je veux dire, disons qu’il est assez dangereux. C’est le genre de carrefour où les signaux disent «cher piéton, tu peux traverser, mais fait gaffe parce que les voitures passent quand même, et elles passent super vite, ces connasses.» J’étais donc au passage piéton, prête à courir dés que le feu serait vert, et une petite mamie arriva à coté de moi. Le feu allait passer au vert et la petite mamie était donc sur le point de traverser. Mais ce qu’elle a pas vu, la mamie, c’était le kéké arrivant de droite. Moi, grâce à ma super vue panoramique, je l’ai vu arriver. Puis bon, un mec qui écoute du Keen’V à fond la caisse à 10h30, ça se repère vite. Mais la mamie est sourde comme un pot, la mamie n’a pas l’habitude de côtoyer les kékés dans la vie de tous les jours (et je l’envie). Bref, la mamie allait traverser et se faire écrabouiller par ce kéké qui était trop occupé à vouloir trop qu’elle l’aimeuh mademoiselle Valérie pour avoir l’intelligence de mettre son clignotant et de rouler à vitesse normale en serrant à droite. La mamie allait finir en crêpe si, par automatisme, je ne l’avais pas tiré par le bras.

J’ai beau me refaire la scène dans ma tête, je sais pas pourquoi j’ai eu ce réflexe de l’empêcher de traverser, moi qui, d’habitude, a la fâcheuse tendance de vivre à coté de mes pompes, surtout un mardi matin après un cours d’anglais. Ayant peur de lui avoir fait mal, je lui ai demandé si elle allait bien. Elle a posé sa main sur mon bras en me disant «mais vous m’avez sauvé la vie !». Etait-ce l'héroïsme qui me poussa à devenir si aimable envers mon prochain ? Toujours est-il que je me suis contenté de dire «c’était rien» et de lui proposer de l’aider à traverser l’autre route. Instant Amélie Poulain.

J’aimerais trouver une jolie chute mais il n’y en a pas. La mamie me remercia mille fois, c’est limite si elle allait pas me promettre de me mettre sur son testament. J’ai répété que c’était vraiment rien, comme si j'avais l'habitude de sauver les mamies des fans de Keen’V. Ironie du sort : en rentrant dans le bus, qui vois-je ? Le garçon de la caisse qui doit me prendre pour un yéti femelle. J’aurais pu me planter devant lui et lui dire «ouais ok, j’ai mes ragnagnas et je m’épile parce que j’ai des poils aux jambes, mais tu sais quoi ? Moi je sauve les mamies des kékés en tuning qui roulent trop vite, alors regarde moi comme si j’étais Wonder Woman et pas Georges de la pub tic-tac, okay ?» Mais les super-héros gardent leur identité secrète, c’est bien connu, alors j’ai rien dit. La vie de super-héroïne sauveuse de mamies demande des sacrifices. 

Sur ce, je te laisse, Batman s'est encore fait larguer par Robin et il veut qu'on aille prendre un thé. Non lecteur, ne m'envie pas, ça risque d'être aussi chiant que mon cours d'anglais !


4 commentaires:

  1. comme des stars7 mars 2012 à 16:59

    Non mais Colette t'écrit trop bien.J'étais plongée profondément dans dans récit de Wonderwoman...Elle aurait quant même pu te demander ton nom histoire de te mettre sur son testament comme tu dis; c'est vrai quoi tu lui as sauvé la vie,zut.

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  2. J'aime beaucoup ta petite histoire, et c'est bien vrai, tu écris vraiment très bien !

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  3. Ça c'est de l'héroïsme pur !

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  4. HIhihihihi! Tu m'as trop fait rire dans ta manière de raconter les choses! Mais sino, tu es vraiment une héroine, bravo :) Bisous!

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